
Depuis 2017, les comités sociaux et économiques (CSE) ont remplacé les anciennes instances représentatives du personnel (DP, CE, CHSCT). Objectif : simplifier le dialogue social. Mais six ans plus tard, où en est-on ? Une enquête de la Dares publiée le 24 juillet 2025 dresse un bilan contrasté : la représentation des salariés s’est globalement affaiblie, en particulier dans les entreprises moyennes et les services.
Entre 2017 et 2023, la part d’établissements couverts par des instances représentatives du personnel (IRP) élues ou des délégués syndicaux est en baisse. Six ans après la mise en place des CSE, la représentation des salariés est fragilisée.
Une baisse de la présence des représentants élus
En 2023, seulement 61 % des établissements de plus de 10 salariés sont couverts par au moins une instance élue, contre 64 % en 2017. Cette baisse touche surtout les entreprises de taille moyenne (50 à 99 salariés) et certains secteurs comme l’hôtellerie-restauration ou les services aux entreprises.
Dans les petites structures (moins de 50 salariés), la couverture reste historiquement faible. Dans les grandes entreprises, bien que la couverture reste élevée, la centralisation des instances tend à éloigner les représentants des lieux de travail concrets.
Evolution de l'implantation des CSE selon la taille de l’établissement entre 2017 et 2023
Une centralisation au détriment de la proximité
La réforme de 2017 a renforcé la centralisation des IRP, en particulier dans les entreprises multisites. Résultat : les élus siègent souvent au niveau de l’entreprise, et non de chaque établissement. Cette organisation, censée améliorer l’efficacité, a aussi provoqué un éloignement des représentants vis-à-vis des salariés.
Pour compenser cela, des représentants de proximité ont été prévus. Mais en 2023, seuls 22 % des établissements multisites disposent d’un tel représentant local. Dans 70 % des cas, il n’y en a aucun.
La santé et la sécurité, grandes perdantes
La disparition des CHSCT a aussi eu un impact. Certes, des commissions santé, sécurité et conditions de travail (CSSCT) peuvent exister au sein des CSE, mais elles sont obligatoires uniquement à partir de 300 salariés. En dessous, leur présence dépend d’accords d’entreprise.
Conséquence : la couverture par une commission dédiée à la santé et à la sécurité a chuté dans les entreprises de 50 à 299 salariés, passant de 79 % en 2017 à 66 % en 2023.
Recul du syndicalisme
La présence syndicale, elle aussi, se réduit. En 2023, seuls 32 % des établissements sont couverts par au moins un délégué syndical, contre 37 % en 2017. Cette baisse est particulièrement marquée dans les entreprises multisites, où la représentation syndicale est pourtant plus cruciale. Ce recul s'explique notamment par des difficultés à recruter des candidats et une perte d’attractivité des mandats.
Des représentants du personnel sous pression
Les représentants du personnel pointent plusieurs difficultés : baisse du nombre d’élus, augmentation de la charge de travail, réunions plus complexes à préparer. Dans les grandes entreprises, 60 % des représentants estiment que leur charge de travail a augmenté depuis la mise en place des CSE.
Malgré tout, une majorité des représentants interrogés (73 %) reconnaissent que le CSE peut permettre un dialogue social de meilleure qualité — mais cela suppose des moyens suffisants et un périmètre d’action clair.
Téléchargez la synthèse de l’enquête de la Dares : cliquez ici (PDF)
Publié le 25 juillet 2025
Rédigé par Officiel CSE
Source :
Étude Dares – Comment évoluent l'implantation et l'organisation de la représentation des salariés depuis la création des comptes sociaux et économiques (CSE) ? - 24 juillet 2025 - Dares Analyses N°41 - Maria-Teresa Pignoni
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