Fin programmée du papier, essor des cartes et applis, évolutions réglementaires : les titres-restaurant sont en pleine mutation. Quelles conséquences pour les élus de CSE ? Comment bien choisir son prestataire ? Tour d'horizon et conseils pratiques.
Les titres-restaurant constituent l'un des avantages sociaux les plus répandus en France, bénéficiant à plusieurs millions de salariés. D'après la dernière Enquête Nationale des CSE organisée en 2025 par Officiel CSE, 59% des entreprises offrent des titres restaurant à leurs salariés.
Mis en place pour faciliter l'accès à la restauration pendant la pause déjeuner, ce dispositif offre un soutien financier appréciable au quotidien tout en présentant des avantages fiscaux et sociaux tant pour le CSE ou l'entreprise que pour le salarié.
Depuis leur création, les titres-restaurant ont considérablement évolué, passant des traditionnels tickets papier aux cartes dématérialisées qui dominent aujourd'hui le marché. Cette modernisation s'accompagne d'une extension des possibilités d'utilisation, notamment avec l'autorisation temporaire d'achat en grande distribution, mesure initialement prise pendant la crise sanitaire et prolongée jusqu'en 2026.
Bien que facultatif, ce dispositif contribue au pouvoir d'achat des salariés. Son fonctionnement, régi par des règles précises, mérite d'être bien compris pour en optimiser l'usage au quotidien.
Sommaire
1. Fonctionnement et conditions d'utilisation des titres-Restaurant
2. Panorama des principaux fournisseurs
3. Choisir un prestataire pour les titres-restaurant
4. Dématérialisation des titres-restaurant
5. La fin programmée des titres-restaurant papiers
6. Évolutions récentes et points réglementaires à connaître
1. Fonctionnement et conditions d'utilisation des titres-Restaurant
Créés pour faciliter l'accès à la restauration des salariés, les titres-restaurant sont aujourd'hui distribués par près de 6 entreprises sur 10, selon l'Enquête Nationale des CSE (2025). Leur fonctionnement est bien rodé : un titre par jour travaillé, financé conjointement par l'employeur (50 à 60 % de la valeur) et par le salarié.
Qui peut en bénéficier ?
• Tous les salariés (temps plein ou partiel), dès lors qu'ils travaillent une journée ouvrant droit à une pause repas.
• Les alternants et stagiaires, si l'employeur le décide.
• Attribution : 1 titre par jour de travail.
Valeur et financement
• Fixée par l'employeur (ou le CSE s'il complète).
• Prise en charge employeur : 50 à 60 % de la valeur, exonérée dans la limite de 7,26 € par titre (2025).
• Le reste est prélevé directement sur le salaire.
Formats disponibles
• Papier : encore utilisé, mais voué à disparaître d'ici 2026.
• Carte dématérialisée : aujourd'hui la norme, rechargée chaque mois, utilisable comme une carte bancaire (y compris via Apple Pay / Google Pay).
Conditions d'utilisation
• Plafond journalier : 25 € maximum.
• Jours ouvrés uniquement (exceptions possibles dimanches/jours fériés).
• Produits autorisés : repas, sandwichs, plats préparés...
• Supermarchés : usage prolongé jusqu'au 31 décembre 2026 pour certains produits alimentaires.
• Validité : titres valables jusqu'au 31 janvier de l'année suivante.
Points pratiques pour les salariés
• Carte perdue ou volée : déclaration immédiate auprès du prestataire, comme une carte bancaire.
• Solde et rechargement : consultables via application mobile ou espace salarié en ligne.
• Complément paiement : si la note dépasse le plafond ou la valeur disponible, le reste est à régler par carte bancaire, espèces ou autre moyen.
• Non-cumulables : on ne peut pas payer deux repas d'un coup ou cumuler les titres sur plusieurs jours pour dépasser le plafond journalier.
2. Panorama des principaux fournisseurs
Le marché des titres-restaurant français est dominé par plusieurs acteurs historiques. Cette concentration s'explique par les investissements technologiques importants nécessaires et les exigences réglementaires strictes. Les CSE peuvent aujourd'hui choisir entre des solutions traditionnelles éprouvées et des offres innovantes portées par de nouveaux entrants.
Les acteurs historiques
Ces prestataires bénéficient d'une forte notoriété et d'une présence historique sur le marché français. Ils offrent souvent des solutions à la fois physiques (tickets papier) et dématérialisées (cartes).
Edenred (Ticket Restaurant)
Edenred propose la solution Ticket Restaurant, référence historique depuis les années 1960. L'entreprise s'appuie sur le plus vaste réseau d'acceptation en France (plus de 200 000 points de vente) et offre une gamme complète.
• Produit phare : Ticket Restaurant
• Points forts : Leader incontesté du marché, Edenred possède le plus vaste réseau de commerçants partenaires en France (plus de 220 000). Son nom est quasiment synonyme de "titre-restaurant". Il propose des solutions complètes, incluant la carte, les chèques papier et une application mobile.
• À noter : Sa notoriété garantit une acceptation quasi-universelle, mais il est important de comparer les frais de gestion et de service.
Upcoop (UpDéjeuner)
Acteur historique depuis 1964, Upcoop (ex-Chèque Déjeuner) propose la solution UpDéjeuner et occupe une position forte sur le marché français.
• Produit phare : UpDéjeuner
• Points forts : 1ère société coopérative et participative (Scop) à mission, Upcoop met en avant des valeurs d'économie sociale et solidaire. Son offre est complète avec cartes et chèques papier. Il est souvent perçu comme une alternative éthique aux géants du secteur.
• À noter : Son réseau est très vaste et son positionnement peut séduire les entreprises et CSE qui valorisent la RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises).
Pluxee (Pass Restaurant)
Filiale du géant Sodexo devenue indépendante en 2024 sous le nom Pluxee, cette société bénéficie d'une solide implantation internationale.
• Produit phare : Pass Restaurant®
• Points forts : Un acteur majeur avec une offre diversifiée. Pluxee a un très large réseau d'acceptation. La marque a opéré une refonte pour se positionner sur une approche plus moderne et axée sur l'expérience utilisateur.
• À noter : Pluxee dispose d'une expertise dans l'accompagnement des grandes entreprises
Les nouveaux acteurs
Swile : Fondée en 2018, Swile incarne la nouvelle génération des fournisseurs de titres-restaurant.
• Produit phare : Swile Card
• Points forts : Un des principaux acteurs de la nouvelle génération. Swile a été un pionnier de la carte unique qui regroupe titres-restaurant, chèques cadeaux, mobilité, etc. Son application mobile est très appréciée pour son ergonomie et ses fonctionnalités sociales (cagnottes, virements entre collègues, etc.).
• À noter : L'offre est exclusivement dématérialisée (pas de titre papier). Swile se positionne sur une « expérience employée » globale.
Openeat : Openeat se présente comme une application de titres-restaurant « réinventée », entièrement digitale, sans cartes ou supports papier, avec une gestion simplifiée tant côté salarié que côté RH.
• Produit phare : Swile Card
• Points forts : Absence de prélèvement sur salaire : C'est une distinction majeure. La part salariale n'est pas prélevée en début de mois. Le salarié paie ses dépenses alimentaires comme il le fait d'habitude, et il est remboursé de la part employeur après son achat. Cela permet aux salariés de conserver leur plein salaire chaque mois.
• À noter : Le produit phare d'Openeat n'est pas une carte ou un chéquier, mais une application mobile connectée au compte bancaire du salarié.
3. Choisir un prestataire pour les titres-restaurant
Pour les élus, le choix du prestataire est un acte stratégique. Coût de gestion, délai de rechargement, qualité du service client, transparence des frais : autant de critères à examiner de près. Comparer au moins trois offres, intégrer une clause de service après-vente et anticiper la formation des salariés à la dématérialisation figurent parmi les bonnes pratiques.
Le choix d'un fournisseur ne doit pas se limiter à la notoriété. Vérifiez et évaluez plusieurs critères décisifs :
Aspects financiers :
• Coût de gestion mensuel par bénéficiaire
• Commissions sur les transactions
• Frais de mise en place et d'administration
• Conditions tarifaires selon les volumes
Performance opérationnelle :
• Délais de rechargement des cartes
• Fiabilité du système de paiement
• Qualité du service client (horaires, réactivité)
• Facilité d'intégration avec les logiciels de paie existants
Réseau et utilisabilité :
• Étendue du réseau d'acceptation (géographique et sectorielle)
• Disponibilité sur les plateformes de livraison
• Fonctionnalités de l'application mobile
• Options de paiement (sans contact, mobile, etc.)
Services additionnels :
• Outils de pilotage et reporting pour l'entreprise ou le CSE
• Accompagnement dans la gestion des bénéficiaires
• Formation des utilisateurs
• Support en cas d'incident (perte/vol de carte)
Il est essentiel pour les élus de CSE de ne pas se limiter à un seul devis. Un comparatif approfondi permettra de choisir le prestataire qui correspond le mieux aux attentes des salariés et aux valeurs de l'entreprise.
4. Dématérialisation des titres-restaurant
Depuis 2014, et surtout après 2020, la dématérialisation des titres-restaurant s'est accélérée. Aujourd'hui, la grande majorité des nouvelles émissions se fait via cartes prépayées qui fonctionnent comme une carte bancaire, rechargée mensuellement par l'employeur ou le CSE. Ces cartes permettent un paiement direct en caisse chez les restaurateurs, en grande distribution et de plus en plus via les paiements mobiles (Apple Pay, Google Pay, Samsung Pay), ce qui facilite leur usage au quotidien.
Un autre changement notable est l'intégration croissante des plateformes de livraison de repas (Deliveroo, Uber Eats, Just Eat, etc.) dans les réseaux d'acceptation. Cela répond aux nouvelles habitudes de consommation, en particulier pour les salariés en télétravail ou travaillant en horaires décalés, qui peuvent désormais utiliser leurs titres-restaurant pour commander en ligne.
Pour les salariés, cette évolution signifie une plus grande flexibilité et une meilleure traçabilité : plus besoin de conserver des carnets papier ou de compter les titres, le solde est disponible en temps réel sur une application mobile. Pour les entreprises et les CSE, cela simplifie la gestion (chargement automatisé, suivi comptable).
Cependant, la dématérialisation entraîne aussi de nouveaux enjeux :
• Frais et commissions : les restaurateurs dénoncent souvent des commissions plus élevées sur les paiements dématérialisés que sur les titres papier, ce qui peut les inciter à limiter leur acceptation.
• Exclusion numérique : certains salariés (peu à l'aise avec les outils digitaux, ou sans smartphone) peuvent rencontrer des difficultés ; il est donc important de prévoir un accompagnement ou des solutions alternatives.
• Dépendance aux écosystèmes numériques : l'intégration avec les applis bancaires ou de livraison accroît la dépendance aux prestataires privés et aux réseaux d'acceptation, ce qui interroge sur la régulation et les coûts cachés.
La dématérialisation des titres-restaurant apporte simplicité et modernité dans l'usage, mais elle exige aussi une vigilance particulière sur les frais, l'accessibilité pour tous les salariés et la transparence des conditions d'acceptation.
5. La fin programmée des titres-restaurant papiers
Les titres-restaurant au format papier n'ont pas encore complètement disparu. Ils sont encore utilisés et acceptés dans les commerces/restaurants qui les acceptent.
En effet, selon des sources récentes, environ 40 % des titres-restaurant seraient toujours émis en papier.
Le gouvernement a annoncé que les titres-restaurant papier vont être entièrement dématérialisés d'ici 2026. Cela signifie qu'à cette date, le format papier ne sera plus émis ou ne sera plus utilisé dans la plupart des cas.
Jusqu'à cette date, des dispositions temporaires ou de transition restent en place : les titres papier doivent être encore acceptés, et doivent respecter les règles de validité (ils expirent au 31 janvier de l'année N+1 pour ceux émis l'année N, etc.).
En parallèle, de plus en plus de restaurateurs refusent le format papier. Ce refus est motivé par des contraintes de gestion (frais, logistique, envoi aux émetteurs) et par des difficultés liées à la collecte et au remboursement.
Les titres-restaurant papier n'ont pas encore totalement disparu, mais leur usage est en forte régression, et leur suppression est programmée pour 2026.
6. Évolutions récentes et points réglementaires à connaître
Entre élargissement des usages, ajustements fiscaux et projets de réforme, le titre-restaurant connaît depuis quelques années une série d'évolutions majeures qui redessinent son rôle et ses modalités d'utilisation.
Usage en grande distribution
Depuis 2022, les titres-restaurant peuvent être utilisés dans les supermarchés et hypermarchés pour l'achat de certains produits alimentaires. Cette mesure, initialement temporaire, a été prolongée par la législation jusqu'au 31 décembre 2026. Toutefois, l'usage reste encadré : seuls les produits prêts à consommer ou appartenant à des catégories précises définies par la réglementation sont éligibles (plats préparés, salades, sandwichs, fruits et légumes, etc.).
L'impact est double :
• Pour les salariés, cette extension offre une plus grande souplesse et contribue directement à leur pouvoir d'achat, notamment dans un contexte d'inflation alimentaire.
• Pour le secteur de la restauration, elle soulève la question de l'équilibre concurrentiel, certains acteurs craignant un détournement de la consommation hors restauration traditionnelle au profit de la grande distribution.
Plafond d'exonération
Le montant maximal de la contribution patronale exonérée de cotisations sociales est révisé chaque année. Pour 2025, il est fixé à 7,26 € par titre. Ce plafond doit être scrupuleusement pris en compte par les employeurs afin d'optimiser l'avantage fiscal et social, tout en restant en conformité avec la réglementation. Un dépassement entraîne la réintégration de la fraction excédentaire dans l'assiette des cotisations.
Projets de réforme
Les débats parlementaires et rapports publiés entre 2024 et 2025 laissent entrevoir plusieurs pistes d'évolution du dispositif :
• Encadrement des commissions prélevées par les émetteurs de titres-restaurant.
• Régulation des rétrocommissions versées à la grande distribution, afin de préserver un équilibre entre les différents circuits de consommation.
• Redéfinition du périmètre d'usage, avec une possible révision de la liste des produits éligibles.
• Selon une information révélée par Les Echos, le projet de loi de finances pour 2026 inclut l'instauration d'un prélèvement social de 8 % sur plusieurs avantages accordés aux salariés. Les titres-restaurant, chèques-vacances, chèques emploi service universel (Cesu) préfinancés ou encore sur le financement des activités culturelles, sociales et sportives par les employeurs ou les Comités sociaux et économiques seraient concernés. L'objectif affiché par le gouvernement serait de renflouer les caisses de la Sécurité sociale à hauteur d'environ 950 millions d'euros par an, en taxant ces compléments de rémunération. Si elle était adoptée, cette mesure alourdirait mécaniquement le coût de ces avantages pour les entreprises et les CSE, ce qui pourrait inciter à en réduire le montant ou la fréquence de distribution.
Dans ce contexte, une veille réglementaire active est indispensable pour les employeurs, les CSE et les gestionnaires de titres-restaurant.
Bien plus qu'un simple moyen de paiement, le titre-restaurant est un levier essentiel de la politique sociale en entreprise. Il agit concrètement sur le pouvoir d'achat des salariés qui en bénéficient.
Le cadre réglementaire évolue rapidement : révision régulière des plafonds fiscaux, prolongation de l'usage élargi en grande distribution jusqu'en 2026, disparition annoncée du format papier et généralisation progressive des supports dématérialisés.
Dans ce contexte mouvant, le Comité social et économique (CSE) joue un rôle clé. Sa mission : trouver le juste équilibre entre, d'un côté, les attentes des salariés — simplicité d'utilisation, maintien du pouvoir d'achat, accessibilité — et, de l'autre, les impératifs de l'entreprise — optimisation fiscale, maîtrise des coûts et respect des obligations réglementaires.
Publié le 15 septembre 2025
Rédigé par Officiel CSE
Sources :
• Ministère de l'Économie — fiche pratique sur les titres-restaurant (actualisations légales). Ministère de l'Économie
• Service-public / DILA — actualité sur le plafond d'exonération (1er janv. 2025). Entreprendre Service Public
• Officiel-CSE — résultats et synthèse de l'Enquête Nationale des CSE 2025. OfficielCE
• Articles de presse et rapport Assemblée nationale sur le marché et les réformes. Le Monde.fr
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